Julien Segard avec sa capacité toute particulière a rendre visible les
espaces qu’il investit, dessine de vastes scènes, avec du charbon de bois, de
la poussière de schiste ou de la barbotine, cette argile délayée qu’utilise les
céramistes : un ensemble de matériaux simples et premiers, souvent vernaculaires.
Les scènes esquissées sont intimement liées à sa rencontre d’un territoire et
de sa population. Il voyage – sa découverte du continent africain, ses actions
au Ghana et au Mali ont été décisives – il se promène dans les villes
(Marseille, Paris, Athènes, New Delhi…), musarde dans les zones industrielles,
les banlieues, les terrains vagues, et marche. Il marche la où la marche devient
difficile face au trafic automobile et ferroviaire, sous les ponts des voies
rapides, les échangeurs autoroutiers. Il accorde un égal intérêt au proche
comme au lointain, se nourrit de chaque détail, de chaque élément, lors de sa découverte
des lieux. Et en révèle, grâce à une profonde humanité, une soif de connaissances
et d’expériences personnelles, une compréhension des difficultés et des équilibres
précaires qui
s’établissent, dans le centre et les confins, entre l’Homme, la
nature et les infrastructures urbaines.
Fabrice Vannier in Jardin ephemere. ed Beaux Arts
"Saint-Ouen, under the bridge". installation. clay, objets. dimensions variable. |